dimanche 17 janvier 2016

" Le Bouton de nacre" de Patricio Guzman


 



Le Chili est un pays contrasté, entre merveilles de la nature et sanglants génocides.Patricio Guzman le montre bien dans son film Le Bouton de nacre. Ce film documentaire, ours d'argent du mailleur scénario nous conduit dans l'histoire oubliée du Chili, de sa culture originelle et de l'élimination de celle-ci. patricio Guzman aborde deux thèmes dans son film : la culture des Kawésqar, peuple de Patagonie, puis la dictature de Pinochet qu'il a lui-même vécue et fuie. Pour débuter, servir de transition et conclure le Bouton de nacre, le réalisateur chilien inclut à son long-métrage un rapport à l'eau qui au début semble surprenant e,t à la fin, paraît évident.
Ce film, d'un point de vue purement historique, est très attrayant. Seulement quelques spécialistes et descendants connaissent l'histoire que le Chili tente d'enfouir, sur le peuple kawésqar et autres tribus de Patagonie. Patricio Guzman fait appel à ces personnes et le résultat est soigné, juste et intéressant. On apprend la culture de ce peuple et en particulier leur certain rapport à la nature. Les Kawésqar ne croyaient pas en un être supérieur mais en une religion dans divinité. d'ailleurs dans le film, le cinéaste chilien pose une question à une descendante kawésqar sachant parler la langue. il lui demande : "Comment dit-on Dieu en kawésqar ?" Et la femme lui répondit : "Ce mot-là n'existe pas." Ce peuple pensait que leur âme maontait et formait une étoile après leur mort. Ainsi, les Kawésqar se peignaient ce qui ressemblait à une sorte de ciel sur leur corps. Patricio Guzman choisit donc de nous montrer des photos du peuple pendant leur rite.
C'est à ce moment que le film bascule. Ces photos pleines d'innocence cachent un génocide commis par les évangélistes venus coloniser le pays. Après un parallèle sur l'histoire de Jemmy Button, Patricio Guzman nous amène vers un sujet qu'il connaît bien, la dictature de Pinochet (il a réalisé Le Cas Pinochet en 2001). Cette fois, le réalisateur chilien aborde ce thème avec une poésie liée à l'eau particulièrement touchante.
le Bouton de nacre n'est pas un film seulement historique. Il est aussi philosophique. Son titre est inspiré du bouton que donne le marin anglais à Jemmy Button pour qu'il vienne avec lui en Angleterre et d'un bouton retrouvé sur un rail tenant un résistant à Pinochet dans l'océan. Patricio Guzman nous montre bien que l'océan engloutit tout et même parfois les crimes commis par la dictature de Pinochet. ici l'eau peut être une mémoire, parfois un assassin mais ce qui est sûr, c'est que le Chili est une terre d'eau. Patricio Guzman nous invite à réfléchir grâce à ce film à la nature, à notre rôle avec elle, et à nous demander, entre le génocide colonialiste et les massacres de Pinochet, qui sont les êtres civilisés.
Muni d'un excellent scenario, de belles images, Le Bouton de nacre n'est pas un film comme les autres et est à voir si vous l'avez raté.

Par Sabri BELGHOUL et Colas BELHACHE.



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Le Bouton de nacre ou la face cachée du Chili



Patricio Guzman nous livre un documentaire sur l'histoire de son pays natal, le Chili. Le Bouton de nacre est nommé au festival de Berlin et reçoit l'Ours d'argent du meilleur scenario. 

Ce documentaire à caractère philosophique comporte trois grands axes qui sont l'eau et la nature, l'histoire tragique des Amérindiens de Patagonie et la dictature instaurée par Pinochet, massacrant, déportant et déshumanisant les Amérindiens.

Dans ce film, on retrouve l'importance de la nature et de la dimension cosmique. Dès la première image, on passe plusieurs minutes à observer un bloc de quartz contenant une goutte d'eau à l'intérieur.  le Chili se situe sur la plus grande côte du monde, la côte pacifique. les Chiliens ont alors une rapport direct à l'eau. l'eau est indomptable, comme les conditions climatiques et les terres sauvages. l'homme doit s'adapter à la nature, la fabrication de canoë en est un bel exemple. on en vient donc à parler des Amérindiens, une civilisation et une culture différentes, comme les peintures sur leur corps, ainsi que les chants et les rituels. Dans le film on peut voir un ethnologue capable de reproduire les bruits de l'eau, de la nature et toutes ses nuances. les Indiens n'ont ni le mot "Dieu", ni le mot "police" dans leur langue, ils sont inexistants car ils estiment n'en avoir pas besoin. Il n'y a pas de norme, il s'agit seulement de vivre ensemble et en harmonie avec la nature. le film prend alors une dimension plus sombre et violente à l'arrivée des colons. les colons considérant les Amérindiens comme des sauvages, créent un choc des civilisations, un bouleversement des cultures, et la destruction de la nature. Ils vont jusqu'à massacrer et déporter les Amérindiens avec l'exemple de Jemmy Button et don bouton de nacre. L'échange d'un simple bouton contre son exportation en Angleterre. Il revient des années plus tard complètement transformé, désorienté et sans identité. Le titre du film prend alors tout son sens. une survivante amérindienne, Gabriela, confie qu'elle n'est pas chilienne mais kawesqar (le nom de son peuple)/ Ces tribus ont souffert d'une grande violence physique et psychologique.
En 1973, Allende a été le 1er président à reconnaître et à vouloir redonner les terres et les droits aux indigènes amérindiens. Suite au coup d'état, la dictature de Pinochet instaure des camps de concentration où ils torturent, tuent puis se débarrassent des corps qui sont attachés chacun à des rails qu'ils jettent ensuite à la mer.

Dans ce film on en vient à se demander qui sont les vrais civilisés et qui sont les sauvages.L'histoire de Jemmy Button peut faire penser à l'histoire de Pocahontas, ou encore au films Le Nouveau monde de Terrence Malick qui parle du même sujet. On assiste à une remise en question de la place de l'homme dans l'univers, les Amérindiens disent même qu'on renaîtrait dans les étoiles. Sans oublier la mer, qui porte en elle toutes les mémoires des disparus et l'histoire tragique du Chili.

Par Léa LUIS-DIT-TOUTAIN et Mélody TRAINS.